Chahuut !
En avril 2013, dans un numéro manifeste, les Cahiers du Cinéma de Stéphane Delorme titraient « Jeunes cinéastes français on n’est pas morts! » et mettaient en avant toute une nouvelle garde d’artistes déjà remarqués par leurs courts, venant de réaliser un long ou s’apprêtant à le faire, bousculant ainsi le rythme pépère d’un certain cinéma français par leur fraîcheur et leur singularité. Formellement parlant pas grand chose ne les rassemble si ce n’est une énergie commune assez frondeuse, le désir viscéral de tourner coûte que coûte, le même ras-le-bol des systèmes de commission qui misent tout sur le scénario et uniformisent du même coup n’importe quel geste. Un peu moins d’une décennie plus tard, le paysage cinématographique français a vu déferler une belle flopée d’œuvres iconoclastes et la Filmo s’en fait à présent tous les mois l’écho. L’idée de ce nouveau rendez-vous est de présenter les films qui nous ont marqué de cinéastes émergents, d’inviter les artistes en question pour en discuter après chaque projection et puis, qui sait, de donner envie à d’autres de s’emparer aussi d’une caméra, de réunir une équipe de copains, un petit budget glané à droite, à gauche pour à leur tour passer à l’acte. Le cinéma qui nous intéresse ici est celui indocile des chemins de traverse, des appels d’air, celui qui défriche de nouveaux horizons, qui impose de nouveaux visages et désirs. Il a pour lui la vitalité des gamins de Zéro de Conduite qui crient « Chahut » avant de mener l’insurrection dans la joie et les plumes d’oreiller.
Antoine du Jeu est réalisateur, critique